Algérie : l’impossible contrôle technique des véhicules
Entre véhicules de tourisme, camions, autocars et bus, tracteurs et véhicules spéciaux, le centre national d’information et de statistiques relevant des douanes algériennes a donné, pour l’année 2005, le chiffre global de 3.211.052 véhicules en circulation en Algérie. Un chiffre auquel il faut ajouter celui des importations et des mises en circulation pour l’année 2006. Divisé sur le nombre d’agences agréées qui doivent assurer cette opération qui semble avoir été peu réfléchie et déjà un « handicap » par un sérieux manque de communication et d’information, cela donne le chiffre effarant de 27.777 unités par agence. Soit 925 véhicules à traiter par jour pour chaque agence.
Les propriétaires algériens avaient par ailleurs déjà dénoncé le manque d’information sur cette opération qui s’est traduite par un rush de dernière minute, juste avant les fêtes de l’Aïd et de fin d’année. Une bousculade qui a obligé le ministère des Transports à en prolonger le délai jusqu’à la fin janvier. C’est pourtant l’obligation du contrôle pour les véhicules neufs, institué dans la précipitation apparemment, qui semble avoir le plus surpris les propriétaires. Ces derniers avancent l’argument simple qu’il s’agit de véhicules neufs, encore sous garantie et déjà contrôlés avant les livraisons. Cette mesure d’exception, imposée par surprise, avec une date limitée aux quelques semaines restantes, va être à l’origine du « plus gros embouteillage » jamais vécu en Algérie, remarqueront certains, la centaine d’agences ne pouvant répondre à la demande ni assurer le rythme de près de 1.000 unités par jour.
Le rush va se traduire par ailleurs autant par le spectacle de files d’attente monstrueuses que par un ralentissement certain de toutes les activités économiques liées au transport de voyageurs ou de marchandises. Le contrôle signifiant d’abord une immobilisation du parc des entreprises et celui des particuliers. Les « points » d’étranglement pouvant enfin se traduire par l’encouragement de certains comportements de « prédation » et de tentation de tirer profit des difficultés que vont rencontrer les propriétaires de véhicules concernés par l’opération et monnayer des services et des « raccourcis ». Des résultats et des effets collatéraux auxquels le ministère des Transports ne semble pas avoir pensé avec cette mesure totalement incompréhensible.